Page:Lemonnier - L'Hallali, sd.pdf/241

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
l’hallali

lâchait plus. Quelque chose alors tombait sur la dalle, une main de sang s’écartelait sur le mur, du sang encore faisait une petite mare sombre qui lui engluait les sabots. Et c’était fini, voilà, oui, on n’en parlait plus jamais.

— Not’ père qu’êtes aux cieux…

Sa mâchoire sur le côté, cela lui partait d’entre les chicots comme un recours, avec l’ébrouement de son asthme. Il pria comme un damné, comme une bête. Mais l’idée ne s’en allant pas, il fit un mouvement violent ; son poing s’abattit sur Barbe qui doucement se tâta en gémissant.

— Sûrement, mon homme, j’ai quelque chose de cassé, je ne sais pas quoi, mais c’est comme quelque chose qui n’y est plus. Dis voir ce que t’as ; t’as pour sûr fait un mauvais rêve. Te v’là tout pantois. J’vas prier le bon Dieu pour qu’il te laisse tranquille. Par après, ça te passera, comme la colique et le reste.

Il bougonna :

— Vaudrait peut-être mieux que ça ne passe pas, c’serait plus tôt fait.

Elle eu un soupir léger et perdit le sens, comme on tombe dans une petite mort. Mais tout son corps à lui restait tendu, les nerfs cordés, et une sueur lui froidissait le dos. Surtout le hoquet de son mal lui raclait la gorge. Il pensa étrangler et sur le lit, la bouche grande ouverte, se déchi-