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Page:Lemonnier - Les Charniers, 1881.djvu/121

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Bazeilles criaient : « Mort aux Prussiens ! » et tiraient par les soupiraux des caves. »

Ainsi parla un petit homme à face placide qui tenait un épagneul dans les bras et s’était mêlé à notre groupe.

Et par-ci par-là, des figures humaines qui ressemblaient plutôt à des ombres, se glissaient à travers les ruines. On les voyait se pencher sur les débris qui gisaient par terre et les remuer comme pour chercher quelque chose.

— Regardez cette femme qui rassemble un peu de bois et souffle dessus pour y faire prendre le feu. Elle a trouvé dans les champs quelques pommes de terre et elle va les faire cuire au feu de sa maison. Oui, mes braves, ce que vous voyez de pierres et de bois à côté d’elle, c’est sa maison : son mari y est mort il y a un an ; et maintenant ça lui sert à griller ses pommes de terre. Oh ! je la connais bien !

En disant cela, le petit homme nous montrait une femme, vieille et maigre, qui allait et venait, la peau nue sous une couverture de laine.

Et, à mesure que le soir tombait, de pauvres familles composées de vieillards se traînant sur des bâtons et de femmes portant des enfants