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Page:Lemonnier - Les Charniers, 1881.djvu/64

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IV


Un autre spectacle nous attendait plus loin. Comme nous venions d’atteindre le point de la route où s’embranche la chaussée qui va vers Florenville, nous aperçûmes une quinzaine de chevaux attachés les uns aux autres par le col ou la queue et conduits par deux paysans patibulaires.

J’eus plus tard, dans cet horrible pèlerinage, des angoisses et des secousses sans cesse renaissantes ; mais je n’oublierai jamais le cheminement de ces bêtes, victimes de la brutalité des hommes.

Un reste de vie entrechoquait les os de leurs affreuses carcasses. Ils étaient tous troués d’éclats d’obus, le ventre ouvert,