Page:Lemonnier - Noëls flamands, 1887.djvu/198

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— Avec Chicord ?

— Avec personne.

— Pas même avec moi ?

— Grande bête ! lui dit Monique en lui donnant un coup de poing dans le dos.

La flammiche s’acheva vivement et Martine apporta le pain de gâteau. Oh ! le beau pain ! Il était tout brun au-dessus et tout jaune en dedans ; et il avait le goût du biscuit et moussait sous la dent.

Les valets engloutirent six tranches, bien qu’elles eussent l’épaisseur d’un pouce, et les ayant dévorées, ils se tapotaient le ventre, complaisamment, écarlates tous trois. La meunière était fière de son ouvrage et elle passait le pain sous le nez de sa voisine, pour lui faire sentir la fine fleur de la farine.

Mais il n’y eut personne qui mangea autant que la vieille petite Gudule Taubert, la sœur de Damien, et ses dents faisaient un bruit continuel de souris derrière une cloison.

Au tour des galettes, à présent ! Des cris partaient, dans l’air ; on applaudissait ; et petit à petit les convives, l’œil noyé, prenaient sur les chaises des carrures de gens repus.

Constamment une cruche pansue, parfumée de l’odeur du houblon, versait par son goulot dans les verres une bière brune qui se frangeait d’écume en coulant. Et les garçons du moulin, devenus bruyants, commencèrent à rire en tapant du poing sur la table ; ensuite ils se levèrent et allèrent fumer leur pipe dans la cuisine, où les garçons des autres moulins se chauffaient en buvant un bon verre.

— Hé ! garçons ! la bonne fête ! leur cria le meunier, de loin.

Et tout le monde répondit :