Alors Truitje leva vivement son parapluie, le regarda dans les yeux, et lui riant au nez, ses dents blanches étalées, se sauva par la grande route. Mais le brave Piet courut après elle, en riant aussi, tout gêné, et quand il l’eut atteinte, il lui prit la taille en disant :
— Truitje !
— Eh bien ! fit Truitje en s’arrêtant.
Il se trouva de nouveau très embarrassé et ne sut plus que dire.
— Piet, lui dit alors la fine Truitje, depuis quand les filles doivent-elles demander les garçons en mariage ?
En parlant ainsi, Truitje devint rouge jusque dans son cou et Piet la vit courir à toutes jambes vers la maison de Claes Nikker, qui s’apercevait là-bas. Pour lui, il resta immobile à la même place, jusqu’à ce qu’elle eût fermé derrière elle la porte de la maison, après avoir tourné la tête de son côté.
— Pieter Snip, vous n’êtes qu’un imbécile, s’écria-t-il.
Et, furieux, il jeta sa casquette à terre.
— Garçon, lui dit ce jour-là sa mère qui le voyait triste depuis quelque temps, vous avez du chagrin. Qu’est-ce qui vous démange ?
— Ah ! mère, cria Piet en sanglotant, je voudrais me marier.
— Je le pensais, dit la mère, tranquillement. C’est Truitje Nikker qui vous a tourné la tête, Piet.
— Oui, mère, c’est Truitje Nikker, mais le vieux Claes ne me la donnera pas.
Alors le pauvre Piet raconta ses peines. Sa mère l’écouta parler, puis se mit à rire.
— Claes Nikker n’est pas bête, dit-elle. Il sait mieux que personne ce qu’il y a dans la poche des gens et il sera très content d’avoir pour gendre le fils des Snip.