Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/151

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pêchers en éventail à une belle exposition du midi ; les grosses quenouilles de ses poiriers, qu’il ne taillait jamais à mort, sous prétexte de leur trop faire rendre ; poires d’automne et poires d’hiver, beurrés gris, beurrés d’Arenberg et Saint-Germain ; plus une avenue de rosiers en pleine floraison, ménagée pour Mlle Desmarennes.

Au jardin bas, le vrai potager des zones tempérées, il eut des explications techniques sur le carré des asperges, le coin des artichauts, le département des navets et des rutabagas, et sur la fraîche terre molle et un peu noirâtre où se prélassaient les fraisiers et les cantaloups à côtes brodées ; — on apercevait dans cette région de longues tuiles retournées, pour isoler les fruits mûrissants d’un contact parfois trop humide.

En bordure, dans la partie la plus basse et la plus ombreuse du jardin, on avait réservé pour Mlle Desmarennes, sous un couvert de vieux frênes, une allée dite l’avenue des Pervenches, où tous les ans nichaient des rossignols.

Dans toutes les parties de son exploitation, le père gardait une pensée pour sa fille.

On parcourut ensuite le grand parc avec ses nappes d’eau vive jouxtant la rivière et se terminant à un coquet pavillon où, les matins de