Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/152

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chasse, on faisait en hâte un déjeuner de garçons.

Georges paraissait prendre un très vif intérêt à toutes les explications détaillées que Desmarennes donnait à son auditoire, tantôt stationnaire, tantôt en petite marche ; il paraissait heureux d’écouter. Tout lui semblait neuf, tout lui semblait charmant. Quand on a longtemps navigué, lorsqu’on est resté des jours et des mois loin des côtes, simplement entre mer et ciel, et qu’on revoit son pays, surtout dans ces recoins frais et perdus de la Saintonge, on a le cœur envahi par une sensation de bien-être paisible indéfinissable, dont ne se douteront jamais ceux qui n’ont pas quitté des yeux l’honnête aiguille de leur clocher.

Le sourd mugissement des bœufs, la claire fanfare des coqs, le hennissement fier d’un cheval qui passe en reconnaissant dans la prée la mère de son poulain ; des émanations confuses de troëne et d’églantier, mêlées au frais parfum des menthes qui vous embaument quand par mégarde on les écrase en marchant, tout contribuait à maintenir Georges Paulet dans une disposition d’esprit des plus heureuses, lorsqu’on rentra pour le dîner.

En ménagères bien apprises qui savent le prix du temps, Mme Desmarennes et sa fille avaient passé leur robe de soirée quelques