Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/187

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

y avait déjà songé… Certes, renoncer à la mer et à ses belles perspectives d’avenir, si jeune encore, à vingt-huit ans, au premier abord cette décision lui semblait un rude sacrifice.

S’il était au moins capitaine de frégate !… Mais quand parviendrait-il au grade d’officier supérieur, dans un temps de paix profonde et pour longtemps assurée ? Qui pouvait le dire ?

C’était aussi difficile à savoir par avance que de sortir de la Région des Calmes avec un navire à voiles avant l’usage de la vapeur.

D’autre part, il devait le reconnaître, il avait déjà suffisamment fait ses preuves en mer, et même sur terre, dans des circonstances graves. Plus d’une fois porté par ses chefs à l’ordre du jour, à la rigueur il avait bien droit au repos… Sa santé se trouvait déjà compromise. Son devoir strict de marin ne l’empêchait donc pas d’obéir au vœu le plus cher de son cœur.

Qui peut d’ailleurs se vanter de connaître l’impénétrable avenir ? Les circonstances présentes se trouvant toutes favorables, s’il ne se prononçait pas d’un jour à l’autre, Mésange, par déception, peut-être par dépit de voir qu’il hésitait à tout sacrifier pour elle, qu’il ne l’aimait pas absolument et sans réserve, en un mot, jalouse de la mer, Mésange donnerait sa main au premier prétendant disponible, à un être quelconque, indifférent pour elle… On voit