Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/200

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à part, dans une cabane rustique, mais bien aménagée, où il remisa les filets, les verveux et les nasses, les perches et les avirons des barques et des bateaux, et tous les engins et instruments de pêche.

C’était au fond du grand parc, non loin du cher pavillon où, quelques mois avant, s’abritaient, comme dans un nid d’amour, les pauvres bienheureux au bonheur si rapide, sanctuaire à jamais voilé depuis à tous les yeux profanes, où portes et fenêtres restaient hermétiquement closes.

Après son travail de la journée, Baptiste, à l’heure du souper, racontait parfois les divers épisodes de l’année terrible, et les misères du siège, aux paysans de Saintonge revenant de leurs vignes ou de leurs champs de blé ; gens paisibles qui, dans nos temps modernes, sont restés si loin du bruit des guerres. A chacun son tour : ils en ont eu leur bonne part autrefois.

A l’époque de saint Louis, de Charles IX et de Louis XIII, ils ont assez largement payé leur tribut. La bataille de Taillebourg, le siège de la Rochelle, la prise de Saint-Jean-d’Angély, ont laissé chez les arrière-petits-fils comme de vagues réminiscences lointaines des luttes religieuses où ligueurs et parpaillots se portaient de si rudes coups, au temps des grandes amours et des vigoureuses haines.