Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/239

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en soufflant la poussière et secouant la reliure, quand d’un feuillet tomba, face contre terre, un petit portrait-carte, oublié là sans doute depuis longtemps.

Curieux de voir qui ce pouvait être, il redescendit vite et le retourna.

C’était son ami Georges Paulet, en costume de marin, qui lui souriait comme autrefois dans sa jeunesse et dans son bonheur.

— Ce pauvre Georges ! pensa-t-il ; assurément je ne l’avais pas oublié ; mais comme le temps passe !… Six ans déjà !…

Après l’avoir quelques instants contemplée, il remit avec un soin religieux, dans un coin de son tiroir, l’image un peu effacée de son vieux camarade ; puis, après avoir lu son article des « Eaux et Forêts », il monta tout songeur dans sa chambre à coucher.

Il avait déjà le cerveau noyé dans les brumes du premier sommeil, où s’entremêlaient vaguement des souvenirs du Code et de son ancienne amitié, quand trois coups frappés à la porte de sa maison le réveillèrent brusquement.

— Qui diantre peut venir à cette heure ? On se trompe, je ne suis pas notaire, ni médecin.. On me prend pour Laborde ou Verdier… Quand il s’agit des testaments ou des morts, on pourrait bien me laisser tranquille… surtout moi qui plaide demain !