Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/267

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II

Et n’allez pas croire qu’avec sa nature primitive un peu sauvage, Albert de Rhuys fût un rêveur de la famille des Obermann ou des René. Loin de là. Il n’avait absolument rien de ces grands mélancoliques incompris, disparus avec les derniers types du romantisme. Lui aimait sincèrement la vie dans la belle acception du mot ; il admirait en toute sincérité les œuvres du grand créateur inconnu ; et, sans être précisément un artiste, il regardait de tous ses yeux les magnifiques paysages de mer et de grèves si fréquents aux dentelures des côtes bretonnes. Quant aux œuvres humaines, il appréciait en connaisseur les pages émues de nos grands poètes contemporains, et vibrait de tout son être à une phrase musicale et profonde de Beethoven. En outre, si, comme orateur, il avait renoncé à donner de la voix dans la grande meute enrouée du barreau moderne, il possédait en revanche un fort bel organe de