Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/31

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son être, dans le religieux silence du recueillement. Je voulus m’interrompre, mais d’un geste souverain et d’un regard où il y avait autant de prière que d’autorité, elle m’obligea de continuer mon thème ; et seulement lorsque les dernières vibrations s’éteignirent, elle vint à moi, comme les apparitions en longues robes traînantes que Jean de Fiesole fait glisser dans les fresques de ses paradis. Sa grande chevelure lui ruisselait aux épaules ; elle n’était pas d’un blond cendré, ni blond d’ambre, ni blond de lin, mais d’un blond tonique, presque châtain, à reflets d’or. »

Ici l’attention de Georges redoubla.

« Très bien, monsieur le comte, me dit-elle, vous comprenez la musique des maîtres. »

« Je m’empressai de faire asseoir ma belle visiteuse et lui demandai ce qui me valait l’honneur de sa venue.

« Un vulgaire motif d’intérêt, me répondit-elle d’une voix toute musicale ; nous tombons des hauteurs de l’art sur la réalité plate. Mais avant de vous exposer l’objet de ma visite, permettez-moi de vous présenter l’indiscrète personne qui a pris la liberté de vous déranger. »

« Je m’inclinai respectueusement.

« Vous ne vous en doutiez peut-être pas, continua-t-elle, mais je suis de vos parentes. Je