Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/321

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— Et vous ? répondit Germaine.

— Moi ? c’est différent.

— C’est toujours différent, reprit Germaine, très sérieuse sur un ton plaisant. Vous pensez bien qu’elle a dû avoir ses raisons, comme vous les vôtres. Elle n’a pas encore trouvé sans doute celui qu’elle a rêvé, et cependant, avec un peu de mémoire, la liste serait longue des prétendants éconduits.

— Ah ! reprit Albert curieux.

— Oui, des officiers supérieurs de marine et de l’armée de terre, continua Germaine ; des magistrats, présidents et procureurs ; des avocats en renom, des commerçants et des industriels ; maîtres de forges, raffineurs de sucre, fabricants de Champagne, dont les caves, dit-on, sont assez vastes pour qu’on s’y promène en voiture ; nous avons eu jusqu’à un proviseur d’une grande ville du pays chartrain, qui s’est permis d’espérer… Pour celui-là, je vous assure qu’il n’a pas fait longue antichambre sur le palier des soupirants.

Mais, continua Germaine, il y avait toujours quelque chose à redire. Nous avons trouvé les officiers de terre trop peu instruits ou trop contents d’eux-mêmes, les marins trop absents, les magistrats trop hauts sur cravate et trop gourmés, roides comme les militaires sans avoir la distinction des nobles ; les avocats trop vaniteux