Page:Lemoyne - Poésies - 1873.djvu/46

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Elle s’épanouit sous des regards aimés ;
L’amoureux ébloui contemple sa dormeuse,
Écoutant respirer la paisible charmeuse
Qui, dans un songe bleu, sourit les yeux fermés.

A travers les grands cils de ses paupières closes,
Il voudrait voir un seul de ses rêves charmants !
Quelle image apparaît à ses beaux yeux dormants ?
Cueille-t-elle des lis, des bluets ou des roses ?

Le sein veiné d’azur s’agite… Elle a parlé
(La parole n’est pas un murmure d’abeille) ;
Un mot s’est échappé de sa bouche vermeille,
Un nom d’homme inconnu, très-bien articulé !

Nom sonore et vibrant dont toutes les syllabes
Comme un timbre d’or pur ont clairement tinté. —
Ce n’est pas lui qui rêve… Il a trop écouté.—
Il n’est pas endormi dans les contes arabes.

Muet, anéanti, devant ce frais sommeil
Qui laisse voir le fond d’une pensée intime,
Sur la femme penché comme sur un abîme,
Il retient son haleine, épiant le réveil.