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la triomphatrice

dans la joie surhumaine de la convalescence, il m’ordonnait de partir, de le suivre chez lui, dans une autre demeure, et j’ai eu le courage, devant ces yeux qui me disaient tout le jour : « Je ne veux pas mourir sans toi », j’ai eu la cruauté de ne pas bouger, de rester à l’attache, auprès d’un homme et d’une jeune fille qui, peut-être, n’avaient pas besoin de moi…

Denise, dans l’épaule de sa mère.

Maman, vous êtes bonne.

Claude, très bas.

Et si un jour, Denise, il ne me restait que toi… la vie est si monstrueuse…

Denise.

Si Michel Sorrèze mourait ?

Claude.

Enfin, si j’étais plus malheureuse que je ne l’ai jamais été…

Denise.

Vous n’êtes pas de l’étoffe dont on fait les malheureux.

Claude.

Non ? Pourtant ce qui m’arrive en ce moment est d’un goût si épouvantable. (Rêverie affolée.) J’ai trop demandé à l’existence, j’ai voulu un bonheur qui dépassât les autres de cent coudées… Eh ! bien, si ma petite Denise m’en a voulu, si elle m’a trouvée trop gâtée comme femme, si elle a fait un retour sur elle-même… elle a bien fait ! La providence l’a entendue… Ah ! comme elle va être vengée !

Denise.

Ne me parlez pas comme cela, maman, que voulez-vous que je devienne ?