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LES ANTÉCÉDENTS

des bas de laine et une redingote dont il a besoin pour l’hiver, je vous serai obligée, Monsieur, de vouloir bien les lui faire acheter pour éviter les frais de port et de faire prendre du plus commun et du meilleur marché. Il est surprenant qu’il ne lui reste qu’un habit neuf et qu’il ait vendu le surplus. Il paraît qu’il faisait bien de la dépense et il faut qu’il sente aujourd’hui sa faute en ne lui donnant que son nécessaire indispensable.

Je suis aussi étonnée qu’il n’ait point fait l’aveu de ce qu’il a fait des effets qu’il a emportés de chez moi, peut-être le saurez-vous dans le particulier lorsque vous irez le voir, et qu’enfin il prendra quelque confiance en vous, monsieur.

Je le désire et qu’il donne par la suite des marques de regrets des peines bien sensibles qu’il m’a faites et qui sont cause que je ne puis me rétablir d’une fièvre quarte qui m’accable et qui me ruine le tempérament depuis plus de deux mois. S’il lui reste encore un peu de sentiment, il doit bien se reprocher les chagrins qu’il me fait éprouver et qui pourraient me causer la mort dans la situation où je me trouve. C’est bien mal payer de sa part la tendresse et l’affection que j’ai toujours eues pour lui. Dieu veuille qu’en reconnaissant son inconduite, il se mette à portée de réparer à l’avenir ses torts, et le mal qu’il me cause, ainsi qu’à mes autres enfants, qui heureusement sont pour moi d’une grande consolation et cherchent à adoucir mes peines par leur tendre attachement pour moi.

Je vous remercie, monsieur, de la part que vous voulez bien prendre à ma douleur qui est des plus amères et je vous prie de me continuer vos mêmes bontés. Soyez sûr de ma reconnaissance, ainsi que du parfait attachement avec lequel j’ai l’honneur d’être, monsieur, votre très humble et très obéissante servante.

Robinot, veuve de Saint-Just.

À Blérancourt, le 7 novembre 1786.