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AU TEXAS

Par un ciel aussi sombre, et surtout à cette heure,
« Que viennent-ils attendre, autour d’une demeure,
  Aux murs lézardés et croulants ?
Qui donc en a fermé les battantes croisées,
Remis sur leurs vieux gonds, bien qu’à demi brisées,
Ces portes qu’envahit la mousse aux filets blancs ?

Ce sont eux ! mais pourquoi ? vous allez le connaître.
Regardez-les bondir à travers la fenêtre,
  Qu’un rauque cri vient d’ébranler ;
Cri strident du damné, torturé par la flamme,
Cri d’angoisse, arraché des profondeurs d’une âme,
Qui laisse un corps maudit que Dieu veut immoler !


IV


Tout le parquet visqueux de la hutte empestée
Est jonché de lambeaux de chair déchiquetée
  Par les coups d’un acier puissant ;
Et, parmi les débris de cette horrible fête,
Est un tronc décollé sur lequel une tête
Repose hérissée et dégoutte de sang.

Hors du cercle blafard que décrit la lumière,
Dans un recoin ombré de la paroi de pierre,
  Un des champions est debout !
Ses pieds sont nus, ainsi que ceux de sa victime,
Ses dents mordent encor l’instrument de son crime ;
Sa lèvre se blanchit d’une écume qui bout.