Page:Lenotre - Babet l’empoisonneuse, ou l’empoisonnée, 1927.djvu/182

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Déjà le médecin est au chevet de la victime : Madame de Normont n’est pas morte, mais seulement évanouie. Ce que, dans la pénombre, Toutin a pris pour une affreuse blessure n’était que la bordure rouge du couvre-pied dans lequel elle est roulée. Sur cette couverture, autour de la bouche, sur le cou de Babet, a coulé un liquide noir et visqueux dégageant une forte odeur de térébenthine. À quelque distance du lit, sur un guéridon, sont encore une fiole qui a contenu le nauséabond breuvage et une tasse qui a servi au criminel pour le faire absorber à la jeune femme.

Elle est là, inerte, les yeux clos, livide sous les maculatures du poison ; son évanouissement persiste malgré les réactifs les plus violents ; elle respire cependant ; son pouls est faible mais régulier. Enfin un grand hoquet la réveille ; elle entr’ouvre les yeux ; elle voit les gens qui l’entourent, penchés sur elle, guettant son retour à la vie. Un sursaut d’effroi la secoue : — les brigands !… Non ; elle reconnaît des figures