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Page:Lenotre - Babet l’empoisonneuse, ou l’empoisonnée, 1927.djvu/184

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vomissement dont elle fut soulagée. Mais elle éprouvait de vives brûlures à l’intérieur de la bouche et se tordait de douleurs d’entrailles. On la déshabilla pour la changer de linge, car une partie du breuvage avait inondé sa robe de nuit ; son corps apparut peu meurtri ; seulement une tache très rouge se remarquait « à la fourchette de l’estomac où elle ressentait un feu plus violent », et, sans cesse, elle réclamait à boire, afin d’éteindre ce brasier intérieur qui la torturait.

Cependant le juge de paix commençait son enquête ; dans la crainte que Babet mourût avant d’avoir parlé, il l’interrogea, en dépit de son épuisement. Et voici comment, d’une voix coupée de hoquets et de gémissements, elle conta l’affreux drame : — Elle s’était endormie à peine au lit ; — après un temps dont elle ne peut évaluer la durée, elle eut un cauchemar ; — il lui sembla qu’elle tombait dans un gouffre malgré ses efforts pour se cramponner aux couchages ; — et, tout à coup, elle se réveille,