Page:Lenotre - Babet l’empoisonneuse, ou l’empoisonnée, 1927.djvu/229

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la balance symbolique et fait ressortir avec trop d’insistance, dans son résumé des débats, les charges qui pesaient sur l’accusée. Il s’excusa de son mieux, prétextant sa fatigue après dix jours d’audiences et manifestant humblement son espoir que l’arrêt rendu par lui serait réformé par la Cour de cassation : — « Elle désirera peut-être, écrivait-il, découvrir dans la procédure quelque omission qui lui fournira le moyen d’intervenir. » Bien plus, la Cour suprême qui, comme l’on sait, ne peut casser un jugement que pour un vice de forme, la Cour suprême elle-même se montrait disposée à s’attendrir et laissait entrevoir « qu’elle saisirait avec joie un moyen de sauver l’innocence ».

Devant ce retournement de l’opinion, Bellart n’abandonne pas la lutte. Se défiant de sa conviction, il réunit un aréopage composé de jurisconsultes éminents, d’experts éclairés, de médecins en renom qui étudient l’affaire depuis ses origines : tout est passé au crible ; on épluche le moindre témoignage ;