turbable : — « Vous, gentilshommes bretons, Messieurs de la Normandie, du Maine et de l’Anjou, vous tous dont les sentiments sont si purs »… songez que la démarche qu’on exige de vous « éloigne peut-être à tout jamais de leur patrie des Princes dont nous comblons les malheurs… » Cormatin bondit, s’emporte : il se lève, frappe sur la table : Boishardy, Chantreau, Solilhac, Dufour le soutiennent ; on s’invective dans le tumulte… Mais Beauvais continue, et, cette fois, c’est un coup droit qu’il porte à son adversaire : — « M. Cormatin a l’honneur de commander ici les Bretons par une commission du général de Puisaye. Cette commission lui a-t-elle été donnée au nom des Princes pour reconnaître la République ou pour la combattre ? Il est nécessaire que M. Cormatin soit suspendu de son commandement jusqu’à nouvel ordre… » À ces mots, toute délibération est rompue : Cormatin jette dans le vacarme quelques paroles et, s’emparant d’un feuillet où sont écrits, d’un côté le mot Paix, de l’autre le mot Guerre, il signe à la première colonne, tire son sabre, jure de reprendre les armes dès une occasion favorable ; ses partisans inscrivent leurs noms sous le sien, puis la feuille circule et tous ceux qui sont là signent également, — sauf Beauvais[1]. Et tous sont sincères : ils souhaitent la paix ; la guerre civile leur répugne ; ils s’accordent à l’avouer en une saisissante unanimité ; mais ils n’iront pas plus loin dans les concessions et ne se soumettront pas à la Convention régicide. Déjà ils se préparent à quitter La Prévalaye ; ils retournent à
- ↑ Mémoires de Poirier de Beauvais, p. 369.