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Page:Lenotre - La Mirlitantouille, épisode de la Chouannerie bretonne, 1925.djvu/185

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II


En veine d’examen de conscience, Talleyrand écrivait un jour : — « On ne saura jamais jusqu’où les hommes peuvent s’égarer aux époques de décomposition sociale ; bien des chutes alors deviennent excusables ; bien des événements sont compréhensibles. » Cette maxime, qui est un aveu, devrait servir d’épigraphe à beaucoup d’épisodes de notre histoire et de précepte à ceux qui l’écrivent. Ce serait une grande erreur de juger les contemporains de la Révolution d’après nos sentiments et nos idées d’aujourd’hui et d’évaluer leurs ardeurs et leurs entraînements à la mesure de notre expérience et de notre modération. Nous sommes depuis longtemps dégrisés ; eux vivaient dans un état d’ivresse endémique. Quand Le Gris-Duval introduisit sous son toit Pierre Duviquet et présenta aux siens cet officier déserteur, aucun des hôtes de Bosseny n’estima désobligeante cette intrusion et le nouveau venu fut accueilli comme un parfait modèle de loyauté et d’honneur militaire. Les dames lui choisirent un surnom et lui décernèrent celui de Constant qui, en un temps où tout n’eût pas été