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Page:Lenotre - La Mirlitantouille, épisode de la Chouannerie bretonne, 1925.djvu/207

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LA MIRLITANTOUILLE

mères de famille et jeunes filles, déserteurs, cabaretiers, servantes, fonctionnaires…

Le Gris-Duval, bientôt informé, conseille à tous les siens le sang-froid : un autre aurait pris la fuite ; il préfère affronter le danger ; il joue l’insouciance. Comme l’hiver approche, il se prépare à quitter Bosseny pour venir, ainsi qu’il le fait chaque année, se fixer à Saint-Brieuc. Il se plaît, on l’a dit déjà, aux moyens de comédie : qui présumerait coupable un homme assez sûr de son innocence pour se placer sous la main de la justice ? Aussi, dès les premiers jours de décembre, il déménage avec le plus grand calme, et, précédant sa femme, il prend, conduisant lui-même une voiture chargée de malles et de meubles, le chemin de la ville. Comme, en plein jour, il traverse Moncontour, on l’arrête. Il s’étonne de ce malentendu, se laisse docilement mener sous bonne escorte à la geôle du chef-lieu[1]. Vers la fin de janvier, — il fallait le temps de dresser, d’après les indications de Mairesse, tous les mandats d’arrêt, — des commissaires spécialement désignés procédaient en une même nuit à l’arrestation de ses complices : de tous les points du département, les prévenus affluaient aux prisons de Saint-Brieuc ; gens de toutes classes, de toutes professions, et, parmi eux, la jeune madame Hervé Du Lorin, l’ancienne fiancée de Boishardy, et son enfant nouveau né[2], — son mari, son beau-père, son beau-frère

  1. Dès le 5 décembre 1797, le commissaire du Directoire des Côtes-du-Nord annonçait, au ministre de la police, l’arrestation de Le Gris-Duval, commandant en chef des Chouans du département. Archives nationales, F7 36691.
  2. Mariée civilement le 15 février 1797, comme on l’a dit, Joséphine de Kercadio accoucha, le 29 mai suivant à Moncontour, d’un