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Page:Lenotre - La Mirlitantouille, épisode de la Chouannerie bretonne, 1925.djvu/238

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LA NUIT DU 4 BRUMAIRE

d’âmes héroïques, qui, à peine sous les verrous, subitement convertis par la perspective du châtiment, se déclaraient pris de contrition et disposés à racheter leur erreur par une confession générale des forfaits de leurs codétenus. Le chef de brigade Palasne-Champeaux, président du Conseil de guerre, encourageait ces délations : — « Tous les moyens sont bons pour avoir les renseignements dont nous avons besoin », écrivait-il au ministre de la Police, Lecarlier, récemment nommé, « et votre prédécesseur[1] m’ayant laissé le soin de choisir les individus propres à espionner… je tire d’eux tout le parti possible[2] ».

La carrière de Palasne-Champeaux avait été, sinon brillante, du moins rapide ; fils d’un député à la Constituante, il était, à vingt et un ans, chef de bureau de la liquidation générale. Il marqua le pas durant la Législative dont son père ne faisait point partie ; mais quand celui-ci fut élu à la Convention, le fils entra dans l’armée et conquit allègrement les grades : sous-lieutenant en janvier 1793, il était capitaine en mars et adjudant général en mai ! Suspendu par Bouchotte, suspect à Hoche, réintégré cependant, il fut employé à diverses missions délicates au cours desquelles on le surveilla de près. C’est ainsi que, chef de brigade au 15e régiment de chasseurs à cheval, il se trouvait présider, en l’an VI, le Conseil de Guerre permanent de la 13e division militaire séant à Saint-Brieuc. Correspondant directement avec le ministère de la Police, il adoptait sans vergogne les procédés de cette adminis-

  1. Dondeau.
  2. Archives nationales, F7 36692.