Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/298

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aux oreilles[1]. Aussitôt les huissiers se dépêchent vers les Comités pour avertir les retardataires ; les flâneurs des galeries refluent vers la salle. Du Comité de salut public tous les membres, sauf Carnot, accourent ; ils viennent d’expédier à la Commune l’huissier Courvol, porteur d’un arrêté sommant Hanriot et Payan de comparaître devant la Convention. Il a même été question d’emprisonner tous les Duplay pour isoler Robespierre de son quartier général[2].

Saint-Just parle : son début est solennel. Soudain, Tallien saute à la tribune, repousse l’orateur et prend sa place : on comprend qu’il attaque Robespierre et l’on applaudit chaudement ; Billaud lui succède : de sa phrase puissante et sonore, il excite l’Assemblée à la résistance et au courage : « Elle périra si elle est faible. – Non ! Non ! » Tous les représentants sont debout, agitant leurs chapeaux à bras levés ; Le Bas se révolte, veut protester ; les cris : À l’ordre ! le font taire, mais comme il insiste : « À l’Abbaye ! » Dès lors, la Convention depuis tant de mois cataleptiques, bouillonne ; de ses rangs tumultueux monte le grondement menaçant du volcan dont le feu intérieur se ranime[3]. Les apostrophes haletantes de Billaud sont hachées de battements de mains, de clameurs semblables à des cris de délivrance. Fouetté par ce succès, il redouble ses coups ; tous ses mots portent, et, quand Robespierre, écumant, se jette sur

  1. Archives nationales, WIB 53512.
  2. Lecointre, Robespierre peint par lui-même, cité par Wallon, Tribunal révolutionnaire, V, 220, n.
  3. Le Républicain français, n° 614.