Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/65

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le niveau de l’Assemblée : dès la fin de 1789, soit lassitude, soit découragement, soit peur, beaucoup de députés avaient donné leur démission ou obtenu des congés ; le côté droit diminuait en nombre de jour en jour : « Tout va en dégringolant à l’Assemblée nationale », écrivait un représentant du Clergé[1] ; madame Roland, d’abord enthousiaste, disait : « un tas de bûches à dix-huit francs par jour, qui n’entendent pas toujours la question sur laquelle ils sont appelés à voter[2]. » Et puis, à côté de l’Assemblée, s’était fondé le Club des Jacobins, où l’on prétendait, ainsi qu’en un conseil d’État, préparer et étudier les questions avant de les porter à la tribune du Parlement. Comme les portes en étaient largement ouvertes, tous les députés monarchistes qui s’y étaient fait inscrire, jugeant compromettante pour leur dignité cette promiscuité démocratique, désertèrent en masse dès les derniers jours de mars 1790, pour fonder un cercle plus élégant, laissant ainsi la place aux avancés qui choisirent aussitôt Robespierre pour leur président[3]. Même exode un an plus tard : les avancés de l’année précédente sont devenus des rétrogrades et quittent le club à leur tour, espérant ainsi le ruiner. Sa ferveur révolutionnaire s’en accrut, au contraire, et, comme il donnait le mot d’ordre à plus de 400 sociétés affiliées, et imposait ses volontés à l’Assemblée moribonde, la défection impolitique

  1. Souvenirs de l’abbé Vallet, député de Gien à la Constituante. Nouvelle revue rétrospective, n° 97, 11 juillet 1902, p. 35.
  2. Lettres de Mme Roland, édition Perroud, II, 244.
  3. Dans une lettre à Buissart, datée du 1er avril, Robespierre annonce à son ami l’honneur qui vient de lui échoir. Hamel, I, 220.