Page:Leo - Aline-Ali.djvu/111

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Prenant son ami par la main et d’un geste théâtral :

Il signor Paolo Villano, docteur ès arts et ès lettres, de l’Académie de Florence, esprit charmant, homme érudit, ami divin, touriste infatigable…

— J’avais loyalement supprimé les qualités, pour n’avoir pas à dénoncer les vices, interrompit Paolo ; mais tu m’obliges à le dire : tu es un flatteur.

— Et un accapareur ! s’écria Blondel. Il te confisque pour l’Italie, quand tu nous appartiens au moins pour moitié. — Monsieur, poursuivit-il en s’adressant au vieillard, permettez-moi de recommencer pour la France : M. Paul Villano, fils d’un père italien, c’est vrai, mais d’une mère française, et docteur en médecine de la Faculté de Paris.

— Je suis charmé, monsieur, dit le vieillard à Paul Villano, que nous soyons à demi compatriotes. »

Et, posant la main sur l’épaule de son jeune compagnon, à son tour il se nomma :

« Monsieur de Maurion, de Paris, ancien magistrat, et son fils Ali. »

Deux de ces légers véhicules à quatre roues, auxquels les Suisses donnent classiquement le nom de chars, emportaient le lendemain à Grion les cinq voyageurs. À peine sortaient-ils de Bex, que le guide, levant la main, leur montra le but de leur voyage, sorte d’aire humaine qui, sous forme d’une maison blanche, éclatait au front de la montagne, et semblait si proche, qu’un œil peu exercé à combiner avec la distance horizontale l’éloignement en hauteur eût évalué cette distance à moins d’une lieue. Mais les Suisses, prudemment, prennent le temps pour mesure de leurs espaces.