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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/112

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« Il y a d’ici là-haut trois heures, dit le guide ; ça monte rudement. »

En effet, l’on monta, plus ou moins, mais constamment, d’abord en tournant la montagne énorme et noire, au dos arrondi, qui protége Bex contre les vents du Nord ; puis, le long du torrent, dans les bois, à travers moulins, scieries et chalets, on s’éleva sur des rampes de plus en plus abruptes, reliées par des détours infinis, pendant lesquels le même objet se présentait successivement sous trois faces, tandis que le paysage s’étendait et se creusait avec des aspects sans cesse nouveaux. Au bout d’une heure, les trois Italiens, c’est ainsi que les désignaient en bloc M. de Maurion et son fils, — descendus de leur char, jasaient sur la route.

« Et vous, monsieur Ali, vous ne descendez pas ? demanda Paul Villano. La montagne demande à être gravie à pied. Tenez, voyez ce qu’on y trouve en marchant. »

Et il arrachait d’une haie et jetait en écharpe autour de lui une longue guirlande d’alkekenge aux fleurs d’un rouge vif.

« Quelle superbe fleur ! dit Ali, qui se leva pour sauter à terre, tandis que son père, l’arrêtant d’une main, fit retenir les chevaux.

— Vous aimez les fleurs ? reprit Paolo quand le jeune homme fut près de lui, vous avez raison. La botanique est une sainte chose, une des plus jolies pages du grand livre, la syllabe la plus poétique du mot que nous épelons, — sans le pouvoir lire. — Mais, vous n’êtes pas à l’âge où on le cherche, poursuivit-il en passant le bras cordialement sous celui d’Ali, ou plutôt en appuyant la main seule-