Page:Leo - Aline-Ali.djvu/113

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ment, car il dépassait Ali de la tête. — Vous devez avoir dix ans de moins que moi, qui en ai vingt-huit.

— J’ai dix-neuf ans, dit Ali ; cet âge n’exclut pas la rêverie.

— Ah ! la rêverie, non, certes ! ni surtout la croyance aux rêves. Mais l’inquiétude de la recherche ne vient qu’après les désillusions.

— La désillusion, quelquefois, vient sitôt, répliqua l’enfant.

— Oh oh ! dit en le regardant Paolo, déjà ! Oui, Paris est une serre chaude. Et pourtant vos traits, votre expression, révèlent une pureté, dirai-je… une innocence, — oui, vous n’êtes pas homme à vous fâcher de ce mot, — qui m’ont frappé au premier abord et m’ont inspiré le désir de vous connaître. Avec cela, il y a dans vos yeux, dans votre sourire, plus d’intelligence et de réflexion que votre age ordinairement n’en comporte. Suis-je assez impertinent de vous parler de vous-même comme cela ? Mais il faut me pardonner ; j’ai l’habitude, un peu étrange en ce monde j’en conviens, de penser tout haut. — Bah ! cela ne fâche que les hypocrites. Voulez-vous l’alkekenge ? »

Et il passa l’écharpe fleurie autour de son compagnon.

« Couronnons-nous de fleurs, chanta Léon.

— Volontiers dit Bancello. Mais où sont les lis de la montagne ?

— Les lis de la montagne n’ont rien qui convienne à ton innocence, ô Bancello ! ils sont rouges.

— C’est vrai ; la montagne aime le rouge. Elle colore tout, depuis la fraise jusqu’au lis : le blanc