Aller au contenu

Page:Leo - Aline-Ali.djvu/215

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pour l’amour qui t’a créé !… Un peu de douceur et de pitié te sont-ils donc impossibles pour moi ? Ai-je donc ta haine, en échange de tant d’amour ? Être fier, mon Ali, ce n’est point aimer. Je suis fière avec tous, humble seulement avec toi. Promets-moi seulement de revenir ; ne m’écrase pas d’un seul coup ! »

Mais celui auquel s’adressaient de telles prières semblait agité plutôt par la répugnance qu’elles lui inspiraient et l’impatience d’y échapper que par des tentations personnelles. À ce moment, on frappa à la porte extérieure du boudoir ; la cantatrice tressaillit, fit à Ali le geste du silence et, soulevant la portière, disparut. Ali entendit le chuchotement de deux voix, auquel succéda un silence ; puis, une parole plus haute, brève comme un ordre, fut dite par la Rosina, et presque aussitôt elle reparut. S’approchant d’Ali, dont elle prit la main :

« Quelqu’un vient, dit-elle, à qui je ne puis refuser une entrevue. Je ne veux pas qu’on vous voie sortir d’ici. Entrez dans la serre un moment.

— À quoi bon ces précautions ? demanda le jeune homme avec surprise.

Ah !… voudriez-vous discuter avec une femme ce qu’elle croit utile à sa sûreté ? Et ne m’accorderez-vous pas au moins cela ? S’il faut tout vous dire, il s’agit d’une explication qui sera peut-être orageuse, et je crains… des violences. Votre présence, Ali, me rassurera. Écoutez et voyez. Soyez prêt. »

En même temps elle le poussa dans la serre et ferma la porte. À peine avait-il eu le temps de s’arranger, suivant l’ordre de Rosina, pour tout voir et