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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/216

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tout entendre, qu’à sa grande surprise il vit entrer Paolo.

— Était-ce donc lui, ce visiteur dont Rosina craignait les violences ? Il y avait là quelque mensonge. Répugnant à se cacher plus longtemps en présence de son ami, Ali fit un pas… Cependant, un instinct de délicatesse vis-à-vis de cette femme qui lui avait dit avec raison être seule juge de ce qui convenait à sa sûreté, l’arrêta. — Mais pouvait-il se prêter à des ruses ?… N’avait-il pas pris la résolution de tout dire à Paolo ? Il se décidait à paraître, quand un nouveau coup d’œil dans le boudoir fit monter à son front une brûlante rougeur et le retint à sa place.

Les premières paroles échangées entre les deux amants avaient été, de la part de Paolo, vives et tendres ; du côté de Rosina, froides, mais de cette froideur à laquelle un regard furtif peut donner une signification simplement mutine et provoquante. Le jeune homme, acceptant gaiement la situation ainsi donnée, avait riposté par des attaques d’abord timides, bientôt plus animées, à ces capricieuses rigueurs : poursuivant la cruelle qui se dérobait à son baiser, il venait de l’atteindre devant la glace, et là, par représailles, il abusait du droit de conquête en lui donnant cent baisers pour un. C’était cette scène, étalée sous ses yeux, au travers du rideau formé par le délicat feuillage d’une glycine, qui venait de faire monter la rougeur au front d’Ali, et qui maintenant le retenait à cette place, partagé entre deux hontes : celle de se montrer et celle de rester caché. Rosina avait-elle donc oublié sa présence ? Elle se défendait mal, bien mal, trop peu pour faire cesser à l’instant ce jeu, assez pour irriter l’audace de l’agresseur.