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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/217

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Elle s’échappa enfin ; ils disparurent, et ce furent seulement des paroles passionnées qui vinrent frapper la mince cloison derrière laquelle frémissait à les entendre une autre personne que celle à qui elles étaient adressées.

L’infernale pensée de la Rosina avait-elle rencontré juste ? N’était-ce pas de la jalousie qui bouleversait ainsi les traits d’Ali, et crispait les mains, si fines et si blanches, dont il couvrait et découvrait tour à tour son front enflammé, ses yeux pleins de désespoir ?

« Oh ! murmura-t-il d’une voix brisée, — que du boudoir on eût entendue, si la voix vibrante de Paolo ne s’était élevée à ce moment même, — à tout prix je ferai cesser cette torture infâme ! »

Sortant brusquement de l’abri de feuillage qui le dérobait aux regards, il se trouvait derrière la glace quand, de l’autre côté, au même instant, une figure apparut qui le pétrifia. Était-ce bien celle de Paolo ? Par quelle magie noire ces traits, d’habitude si nobles, si purs, n’offraient-ils en ce moment que le masque d’une grossièreté bestiale ? Ces yeux ardents, mais sans regard, ne voyaient pas même le témoin qui se dressait devant eux. Une réprimande énergique et dure de la Rosina se fit entendre ; mais Ali déjà se trouvait à l’autre extrémité de la petite serre, où, d’un coup de poing, il faisait voler en éclats les vitres et une partie des châssis. Avec ce mépris du danger que donne la passion, et qui a tous les avantages du sang-froid, il posa les pieds au dehors, sur l’étroite corniche, s’y pendit ensuite par les mains, et, n’étant plus qu’à trois ou quatre pieds de terre, sauta légèrement sur un carré du jardin.