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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/262

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Puits-d’Enfer, la vérité l’effleura du bout de son aile ; mais quoi ! tant de faits écartaient cette supposition : ce jeune homme conduit par son père ; cette vie au milieu des hommes, pure sans doute, mais pleine de calme et de fermeté ; le coup de poignard donné au comte Melina, l’intrépidité, le sang-froid, dépensés tous les jours sans effort et simplement, qualités si exclusivement attribuées à une seule moitié de l’humanité, que l’autre se garderait avec soin d’en prendre sa part, lui fût-elle échue…

Un soir, comme le soleil allait disparaître, on entendit une détonation lointaine, puis un grondement sourd, qui s’accroissait en roulant, comme un tonnerre.

« L’avalanche ! » cria Favre.

Et, malgré lui, les deux amis coururent sur le seuil.

L’air était tout vibrant de bruits et de souffles. Les yeux attachés sur la coupure d’où chaque année l’avalanche se précipitait dans le vallon, ils entrevirent tout à coup un torrent furieux, énorme, de blocs immenses roulants, qui obstrua l’air. Un vent terrible les renversa, étourdis et suffoqués, sur le sol, qu’ils sentirent trembler, et des milliers de pointes les frappèrent, au milieu d’un ouragan de détonations assourdissantes et de sifflets aigus.

Quand ils se relevèrent, en secouant la pluie de neige fouettée par l’avalanche, ils virent la moitié de leur vallée comblée par un nouveau mont ; les sapins renversés gisaient sur les flancs de la montagne ; les vitres du chalet étaient en éclats ; du fond de l’étable partaient des mugissements sourds et plaintifs ; et ce n’était de toutes parts, à la suite