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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/272

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nature étrange ! Mais comment ne l’avait-il pas reconnue à sa seule beauté ? Un homme a-t-il ces traits, ce doux sourire, ce regard, et par-dessus tout ce geste, cet accent, cette démarche, en un mot ce charme infini qui trahit la présence de la déesse ?

Le jour baissait. À la lueur de la flamme, qui se jouait sur ces traits chéris, Paul y découvrait mille beautés nouvelles qu’il n’avait point encore aperçues. Quelle grâce dans ce cou délicat, doucement penché, presque entièrement caché par la cravate, mais dont on pouvait cependant, au-dessus du col rabattu, deviner la blancheur et le contour ! Ces cheveux bruns, pleins d’ondulations jeunes et naïves, ce front si pur, où la douceur se fond avec la fierté, où la femme rayonne, comment n’a-t-il pas compris plus tôt ?…

Il ne pouvait trop s’en étonner et se riait de lui-même, d’un cœur si gonflé, que sa joie, s’il l’eût exhalée, se fût traduite en cris douloureux.

C’est pour cela qu’il se taisait, respectant d’ailleurs son silence à elle, dont il souffrait cependant un peu. Oh ! pourquoi détournait-elle ainsi les yeux ? — Et pourtant il sentait que si elle les eût attachés sur lui, il n’en eût pu supporter l’impression sans défaillir. — Pourquoi sur ce doux front ces ombres ?… Étaient-ce des pensées importunes, ou seulement l’ombre de la nuit ? Non, il y avait là quelque chose de sombre que la flamme du foyer, en l’éclairant, ne chassait point mais rendait au contraire plus visible. Cette attitude pensive, muette, presque timide, si nouvelle… et si charmante… les tenait trop à part l’un de l’autre pourtant. Ce silence enfin lui pesait ; il voulait, il devait le rompre,