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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/274

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ment soupçonnée d’idées excentriques, non-seulement parce qu’elle n’est pas encore mariée, mais parce qu’elle s’est permis de rompre, sans cause raisonnable, puisqu’il ne s’agissait que d’incompatibilité morale, — un riche mariage, arrêté depuis longtemps.

— Toi ! s’écria Paul, toi !… comme s’il eût entendu des choses inouïes.

— À Paris, Mlle de Maurignan passe pour vivre retirée dans ses terres, depuis la mort de son père, avec une gouvernante anglaise ; tandis que, dans ces mêmes terres, cette même gouvernante, miss Dream, affirme que Mlle de Maurignan vit chez une tante, à Paris. Toi seul sais où elle réside maintenant, et cette Aline, à tes yeux mêmes peut-être, est une étrange créature, n’est-ce pas ?

— Oh ! oui, s’écria-t-il, étrange, unique, divine ! »

À son tour, elle s’écria :

« Pas de ces mots entre nous ! Paul, nous sommes frères. Nous avons déjà vécu la douce vie de l’amitié ; nous la reprenons. Il est temps que l’excès de cette surprise se calme. Je suis le même être que j’étais hier. Hier, nos pensées étaient unies, et nous vivions du même cœur… Un changement de nom est bien peu de chose, et, je l’espère, il ne saurait le troubler longtemps. »

L’accent âpre, amer, un peu dédaigneux, de ces dernières paroles mordit Paul au cœur ; il se rejeta sur son siége.

Après un silence :

« Je vais te raconter, reprit-elle, les raisons très-simples et très-naturelles, il me semble à moi, qui m’ont amenée à des actes si en dehors des