Aller au contenu

Page:Leo - Aline-Ali.djvu/298

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

âme chérie, qui se confondit si souvent avec la mienne ! Je me reporte à ces jours de la montagne où nous vécûmes si étroitement unis. Je sens que tu ne peux m’abandonner, que tu m’appartiens par ton propre cœur ; je reprends confiance, je m’élance vers toi.. Mais de nouveau je retombe dans le doute et dans la tristesse, car tu m’as quitté. Ces alternatives épuisent… Crois-tu que les forces humaines y puissent tenir longtemps ? Je t’aime d’amour… tu le sais… Ton regard fier et doux arrêtait les paroles sur mes lèvres, mais tu le sais… J’ose te l’écrire, et si tu pouvais deviner avec quel saisissement, quelles délices… quelles terreurs !… Je t’aime, Aline, et ce n’est plus en moi qu’est ma vie.

ALINE À PAUL.

Mon ami, je suis depuis deux heures à La Chesneraie. Ma bonne miss Dream m’a embrassée en pleurant, et, tout d’une haleine, m’a raconté ses inquiétudes, ses embarras, ses travaux. J’ai refait connaissance avec les habitants du domaine J’ai revu le jardin et le bois, le bel horizon, le cabinet de mon père et sa chambre ; partout, ici, je retrouve sa chère présence, et aussi ma première enfance et ma jeunesse, qui me rient dans tous les coins. Mais je n’ai fait que traverser tout cela pour venir à toi plus vite, et me voilà, sous prétexte d’une grande fatigue, enfermée dans ma chambre pour y causer avec toi.