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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/329

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elle ou moi ? ou qui de nous deux erre le moins ? » Elle y songea longtemps ; et ce qui l’occupait avant tout, plus qu’elle-même, c’était son amant. C’était pour lui surtout qu’elle doutait de ses propres impressions et travaillait à les vaincre.

Leur intimité malgré tout se rétablit, douce, charmante, à peu près telle qu’autrefois, à l’exception des fraternelles caresses qu’ils n’échangeaient plus, et sauf l’élément nouveau qui, bien que latent et contenu, jetait dans les yeux de Paul sa flamme, et sur les joues d’Aline ses roses lueurs. À côté de cette préoccupation secrète, ils cherchaient ensemble avec ardeur la solution du problème qui venait à chaque instant, dans les faits journaliers les plus simples, se poser devant eux, interroger leur conscience et faire appel à leur probité : le rapport équitable du travail produit avec le travail à produire, la fusion du droit ancien et du droit nouveau ; en d’autres termes, l’accord du passé et de l’avenir dans le présent ; la pacification de cette lutte éternelle entre droits de même nature et de même race, qui fait de la vie un champ de bataille, où toute moisson ne croît qu’arrosée de sang. C’était en suivant de près les travaux exécutés sur le domaine par les domestiques et les journaliers, en visitant les paysans pauvres, en observant leurs mœurs, en pénétrant leurs idées, en dégageant sans cesse le droit du fait, et le fait produit par l’erreur du fait naturel, qu’ils s’éclairaient dans cette étude et cherchaient une base à des réformes justes et pratiques.

Souvent leurs observations étaient de celles que les esprits impatients, ou superficiels, déclarent décourageantes, et donnaient beau jeu à M. Rongeat,