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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/33

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« Je puis en parler à Chabreuil et voir si mes droits de grand-père seront mieux respectés que les tiens. Le désires-tu, mon enfant ? »

En même temps M. de Maurignan quitta son fauteuil, et, s’asseyant sur l’ottomane auprès de sa fille, il l’enlaça d’un bras et la pencha sur lui.

« J’aurais besoin de te voir plus heureuse, » dit-il en soupirant.

Ces tendres paroles, cette douce pression, vainquirent la réserve de la jeune femme, et ses larmes, coulant avec abondance, inondèrent l’habit du vieillard et ses mains.

« Mon enfant chérie, dit-il d’une voix altérée, que se passe-t-il donc ? D’où te vient cette nouvelle souffrance ? Parle ; confie-moi tout. Je t’aime et suis indulgent.

— Père, murmura-t-elle, pouvez-vous me rendre l’espérance morte ?

— Hélas !… peut-être. Avec du courage et du calme, on attend et la vie change. Nous, du moins, nous changeons…

— Non, reprit Mme de Chabreuil, j’ai vu le fond de la vie et de l’âme humaine, et quand les lèvres ont touché cette lie…, la soif de tout breuvage passe à jamais.

— Partons ensemble, veux-tu ? dit le père. Allons tous les trois à Florence, à Constantinople, où tu voudras.

— Vous êtes bon, père, mille fois bon, et j’en veux à ma destinée, non-seulement pour ce qu’elle m’a fait souffrir, mais pour le mal qu’elle vous fait par moi.