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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/379

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d’une grande réserve et d’une concentration intérieure ardente. Au travers de ce masque doux, mélancolique, dont les lignes avaient conservé toute leur pureté, émanaient, comme des parfums subtils, la bonté, la droiture, l’intelligence, une douloureuse énergie.

Ce n’étaient point les années qui avaient flétri la beauté de ce visage ; cette beauté, qui sans doute, autrefois, avait été éclatante, résidait tout entière, désormais, dans l’harmonie des traits, dans la profondeur du regard, dans la réverbération d’une flamme secrète, qui plus d’une fois, au courant de notre conversation, jeta des lueurs splendides ; plus vraie cent fois qu’une juvénile fraîcheur, de plus en plus elle charmait les yeux et pénétrait l’âme ; et toutefois, nul homme capable d’en bien comprendre le charme ne pouvait s’abuser jusqu’à passer de l’admiration et du respect à ce sentiment plus vif, auquel un peu d’espérance est nécessaire.

Chez cette femme, jeune encore, gracieuse, bienveillante, on sentait, à l’égard de la destinée personnelle, quelque chose d’à jamais fermé. Jamais, à son accent de généreuse bonté, ne venait se mêler la note individuelle du désir, de l’espérance. Vivante pour le bien, on la sentait morte pour le bonheur ; et pourtant sa bienveillance était sensible, et même passionnée, mais seulement en autrui ; elle semblait avoir fait deux parts de son être : l’une pour l’action, la plus chère et la plus intime pour le souvenir.

Mlle de Maurignan avait été prévenue de ma visite ; son accueil fut plein d’une affectueuse sympathie. Elle approuva mon plan de journal, et m’en