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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/386

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rignan, la tolérance avec l’éclectisme. Comment. pourrais-je accepter une institutrice de votre main ? Vous prêchez la résignation, j’estime la lutte nécessaire ; vous imposez l’obéissance, je recommande la révolte contre l’oppression ; vous enseignez l’humilité, moi surtout à ces femmes que vous avez tant méprisées et avilies, j’enseigne l’orgueil ! »

Elle s’était levée.

Le prêtre étendit les mains au ciel, fit une exclamation d’horreur, et se retira de l’air dont les lévites d’autrefois secouaient leurs sandales sur un seuil maudit.

« Je tenais à vous achever ma pensée, me dit en souriant Mlle de Maurignan, et cette visite m’en a fourni l’occasion. Oui, c’est par l’orgueil, par le sentiment de la dignité personnelle, que je cherche à relever ces âmes écrasées par le dédain de l’Église, d’où procèdent plus qu’on ne pense les injustices actuelles de la loi et de l’opinion. Car, n’est-ce pas grâce au double sceau séculaire apposé par le christianisme sur nos cœurs et sur nos lèvres, que le monde conserve si longtemps l’empreinte de la vie immonde et sauvage des premières civilisations ?

« La sujétion de la femme est la racine la plus profonde et la plus vivace du despotisme dans la société ; elle souille sans exception tous les caractères, soit des grossièretés de la tyrannie, soit des lâchetés de l’esclavage, et la monarchie royale, que seule accusent tant d’esprits naïfs, n’est dans cet état de choses que le produit naturel, et non la cause de nos maux. J’enseigne donc à nos femmes, à nos jeunes filles, le respect d’elles-mêmes, leurs droits,