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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/391

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pour leur apprendre, disait-elle, à se respecter elles-mêmes, de jolies filles qui eussent appris tout autre chose volontiers.

Le plus délicieux, c’est qu’elle avait tenté de le convertir lui-même, l’engageant au travail et à se marier jeune, essayant même de l’intéresser à ses démocratiques théories ; car elle s’était, la digne femme, encanaillée d’opinion. Tout cela aurait un jour ou l’autre pour conséquence de le forcer à s’encanailler lui-même avec un million ou deux, ramassés dans l’industrie. C’est ainsi que roulait le monde.

Le journaliste n’était pas moins mécontent des hommes. Il avait longtemps rédigé un journal politique en Italie, avec une fidélité à ses principes et un désintéressement qui eussent dû lui valoir quelques récompenses et des amis plus dévoués. Il avait perdu malheureusement le meilleur d’entre eux dans une échauffourée stupide. Maintenant, le Canard, pour être plus gai que la Liberta, n’en était pas moins une tâche écrasante. Avoir de l’esprit tous les jours à heure fixe ;’amuser, coûte que coûte, ce peuple parisien, soi-disant cousin d’Athènes, mais qui, à défaut de sel attique, se contente fort bien de sel gros et gris… on eût été propre peut-être à meilleur emploi…

En voyant son compagnon saluer une femme très-élégante qui passait dans son coupé, il demanda :

« Quelle est cette jolie personne ? »

Le vicomte avança les lèvres pour une moue des plus capables !

« Jolie… Oui, pas mal, grâce à une science de