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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/393

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— Vicomte, voyez donc Marina Schero, comme elle est pimpante ! D’où lui vient cet équipage bleu… et ces chevaux blancs ?

— C’est tout nouveau, dit le vicomte en lorgnant.

— Diable ! il faut que je sache… Voilà une de ces nouvelles que Paris et la France ne me pardonneraient pas de leur laisser ignorer. Ah ! cette pauvre Rosina !

— Qui ça ?

— Là dans une voiture de remise, cette femme décolletée, maigre. C’est une actrice des Italiens, qui fait les doublures. Je l’ai vue dans tout l’éclat de sa gloire à Florence, il y a dix ans. Sa voix s’est éraillée. Comme ça dégringole !

— Pouah ! elle est vieille et fardée, votre Rosina. Cela n’est plus bon que pour la voirie. Mais à propos de Marina Schero, savez-vous qu’elle a dépouillé de tout, mais de tout absolument, le jeune de Rivaux ? On vend l’hôtel de sa mère demain, et c’est Marina, dit-on, qui l’achètera.

— Est-il possible ! Ô femmes ! femmes ! s’écria Léon Blondel. Délices de nos heures et malédiction de nos jours ! Grâces et furies ! Charme et fléau !

— Lyrique ! dit le petit vicomte.

— L’Écriture a raison, reprit Blondel, quand elle regarde la femme comme la source de la perdition et du péché ! N’est-ce pas par elle que l’homme se déprave et s’amollit ? Y aurait-il des Antoine sans les Cléopâtre, des Louis XV sans les Du Barry ? La femme, uniquement chargée de représenter en ce monde le plaisir et la volupté, et secondée sur ce point par les appétits analogues qui se trouvent