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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/48

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fuge que la confiance et l’amour seuls peuvent ouvrir, et où tout autre pouvoir expire. Vous avez annulé vous-même le contrat ; car il n’y a de contrat valable qu’entre majeurs et égaux. Il n’y a point, d’ailleurs, de valable contrat qui abdique l’inaliénable.

« Hélas ! dans cette œuvre fragile, fausse, tourmentée, qui ne persiste que par ce que la nature lui prête de force éternelle, l’inconséquence est telle que, donnant à la femme pour seul domaine l’amour on a chassé l’amour du mariage. Ce don suprême, cet échange libre, incessant, de la faculté la plus éminemment spontanée de l’être, le sentiment, peut-il exister entre l’esclave et le maître ? Ainsi, avec la liberté, l’âme est enlevée de toutes choses pour la femme. Réduite à vivre de sensualités grossières et de miettes intellectuelles, chassée de toutes les carrières ouvertes à l’activité humaine, si elle n’accepte pas ce néant, que lui reste-t-il ? elle à qui l’on a dit, à qui l’on répète sans cesse : « Aime, c’est ton seul lot. » — Il lui reste l’adultère, l’amour choisi, donné ; persécuté, mais d’autant plus cher ; l’amour volontaire et libre. Vienne donc ce consolateur, il sera le bienvenu ; car à cette créature humiliée, abattue, dépossédée, il rend non-seulement l’idéal, la liberté, son rang d’être humain et l’exercice de ses droits… mais il la venge !…

Suzanne, dit Aline avec ces grands yeux ouverts qui cherchent à comprendre, qui parle ainsi ?

— Moi, dit la marquise, dont le regard s’emplit d’audace et de défi.

— Toi ! ma sœur, oh ! c’est impossible ! L’adul-