Page:Leo - Aline-Ali.djvu/49

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tère ! — En prononçant ce mot ses lèvres frémirent, c’est un crime !

— Enfant ! et la violation du droit de l’être aimant et libre, n’est-ce pas un crime aussi ? Pourquoi donc celui-ci reste-t-il inattaqué, impuni, quand les anathèmes pleuvent sur l’effet dont il est la cause ? La justice gémit depuis tant de milliers de siècles, qu’à tous ces esprits mort-nés que mène l’habitude, ses gémissements semblent faire partie intégrante de l’harmonie universelle. Trop lasse enfin, vient-elle à rugir… scandale ! Elle a manqué aux saintes convenances !… On est l’idéal, ou on ne l’est pas… Le droit doit être patient — Mais on l’oublie. N’a-t-il pas l’éternité ?

« Que le despotisme, au contraire, frappé à son tour, crie… quelle indignation ! — Eh quoi ! misérable opprimé, vous frappez ! On me mettait sur la roue. — Qu’importe ? vous y deviez rester fidèle à vos principes. Vous avez mal agi, et serez de ce fait roué plus longtemps, outre que désormais, si vous parlez encore de justice, on fera semblant d’entendre pillage, échafaud. Que les puissants frappent, tuent, pillent, rouent, égorgent, tout cela ne peut étonner : l’habitude est prise ; on leur saura même gré d’y mettre un peu de modération ; mais leur chair à eux est sacrée, ils ont le droit d’avoir tort : vous n’avez que celui d’avoir raison.

« Eh bien ! je n’accepte pas, moi, cette morale de courtisan, qui exige tout du faible et accorde tout au fort, qui excuse les vices du puissant et à l’opprimé ne pardonne rien. La résignation vis-à-vis de la tyrannie est une erreur coupable, qui s’en fait complice. Aimer le bien, c’est haïr le mal, et de toutes