Page:Leo - Aline-Ali.djvu/50

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ses forces lutter contre lui. Ceux qui gardent pour lui de lâches complaisances, qui le ménagent et consentent de vivre avec lui, c’est qu’ils ont l’âme trop faible pour que les nobles ressorts de l’indignation et de la haine y trouvent leur appui, assez vile pour confondre encore le respect avec la crainte. L’adultère ! Ne laisse pas ce mot troubler ta raison. Sans doute, s’il implique partage, c’est l’acte naturellement vil d’un être avili ; mais l’être avili malgré soi, qui proteste, et ressaisit sa liberté volée, celui-là ne fait qu’user de son droit.

« Non, non ! J’étais la victime et non la femme de cet homme ; je ne pouvais permettre à un fait purement charnel de lier mon âme à jamais, ni donner ma vie tout entière en expiation d’une erreur commise dans l’enfance, et dont mes parents seuls étaient responsables. Si les obligations contractées par des mineurs sont déclarées nulles par la loi quand il s’agit de cet intérêt suprême, l’argent, — le seul que l’esprit élevé du législateur ait entouré de vraies garanties, — mon mariage aussi devait être nul ; et moi, je le déclare tel dans ma conscience !

« Qu’on fasse du mariage un acte libre, sérieux, sincère, alors on pourra condamner celui ou celle qui abjure son propre choix et enfreint un devoir sacré. Mais tant que la vanité, la cupidité, l’impudeur, feront du mariage leur œuvre et leur instrument, fi des pudeurs de convention et des indignations hypocrites ! Insensées, ou méprisables, elles ne sauraient m’humilier.

« Je n’ai donc point commis d’adultère, ma sœur, ou, si l’on appelle de ce nom le sentiment sublime qui dans l’abîme où j’étais me saisit un jour, et,