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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/52

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amie : c’est une leçon. — Ma vie, hélas ! est celle de bien d’autres — C’est une leçon dont je voudrais te faire recueillir le fruit, que je voudrais pouvoir faire entendre à toutes celles qui sont encore libres.

« Si je me suis donnée, tu le peux croire, ce n’est qu’entraînée par l’admiration qu’inspire un grand caractère et vaincue par la reconnaissance due à l’amour le plus délicat et le plus ardent. Et cela était vrai : Il était sincère. Pour me posséder, Il a souffert, attendu, sacrifié beaucoup ; Il a répandu à mes pieds des trésors de sentiment, accompli des miracles de persévérance, d’adresse, d’audace, de prudence, héroïque et tendre à la fois. Ces inspirations, cet enthousiasme, toutes ces puissances, la passion qui les leur donne, en se retirant les emporte. Sont-ils assouvis, tout cela n’est plus… Aline, écoute bien : Celui que je croyais un héros parmi les hommes, aux bras duquel, moi, rendue plus fière par les hontes subies, je me suis livrée ; celui à qui je disais, dans le fanatisme d’une foi-sans bornes : « Je crois en toi seul… » le jour où je lui appris que nous avions un enfant et lui proposai de fuir… ce jour-là, il me rappela mes devoirs de famille et mon honneur !…

« Oui, ce passionné, ce délicat, cet amant sublime ne vit autre chose à faire que sauver les apparences. À quel prix, il ne le dit pas ; mais sa peur faisait céder tout scrupule. Ses yeux, troubles, éperdus, errant d’une infamie à un crime, n’osaient se fixer sur l’un ou sur l’autre ; mais ce qu’il osait moins encore, c’était d’accepter pour lui-même les conséquences de sa faute. Mon cœur, en le voyant si lâche, se souleva, et, par une convulsion horrible,