Page:Leo - Aline-Ali.djvu/69

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qu’il avait courus. Interrogé par M. de Maurignan, il se laissa aller à des récits dramatiques, pleins de charme. Les yeux de Suzanne exprimaient un vif intérêt, une émotion naissante…

M. de Vilmaur avait passé plusieurs mois parmi les tribus sauvages. Il s’en était fait aimer et donnait sur leurs langues, leurs coutumes, leurs caractères, des détails curieux. Il avait rapporté des armes, des vêtements, des ustensiles, et ce fameux poison, le curare, dans lequel les Indiens trempent leurs flèches et qui donne la mort instantanément. Il promit à Mme de Chabreuil et à sa sœur de leur montrer quelques-uns de ces objets…

Aline ouvrit les yeux en tressaillant. Il faisait grand jour, et elle ne put savoir si elle avait rêvé de ces choses, ou les avait simplement retracées à sa mémoire. Il n’était que neuf heures ; mais sous le flot d’impressions cruelles qui revenaient plus vives l’envahir, M¹le de Maurignan ne put rester immobile. Elle sonna, et sut de la femme de chambre que Mme la marquise n’avait pas appelé depuis la veille. « Que ferait sa douleur de soins étrangers ? se dit-elle. Moi seule puis lui faire un peu de bien. »

Elle se leva, tordit ses épais cheveux sur sa nuque, lissa à la hâte ses bandeaux, et, passant une robe, alla frapper à la porte de sa sœur.

Ne recevant point d’abord de réponse, elle frappa une seconde fois, mais plus doucement encore. « Elle dort, » se disait-elle.

Cependant elle éprouvait un besoin impérieux de revoir sa sœur. Pressant le bouton de la porte, qui s’ouvrit, elle entra.

Dans ce nid de satin bleu, tout maintenant res-