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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/71

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se reportèrent sur le lit, sur Suzanne toujours immobile, et elle reçut au cœur un coup violent et faillit tomber. Cependant, par un effort, elle se retira de quelques pas, et alla tomber sur l’ottomane. Là, elle rassembla ses esprits : Suzanne s’était tuée !… le curare !… son rêve lui revint. Leur père allait venir !… et Gaëtan !… elle avait le secret de sa sœur en garde ! Comment le défendre ? Que fallait-il faire ?… Incapable encore de marcher, d’agir, elle ne voulait pas appeler ; elle attendit le retour de ses forces en raffermissant sa pensée.

Les yeux d’Aline se fixèrent enfin sur un guéridon placé tout près de la porte, et qu’elle aurait dû heurter en entrant. Il y avait sur ce guéridon une lettre. Elle vint à bout de se lever et de se traîner, tremblante, jusque-là. Comment n’avait-elle pas vu cette lettre ? L’adresse portait : À Aline de Maurignan.

Deux lignes seulement sur la première page :

« Chère Aline, je dors. N’essaye pas de m’éveiller. Entre dans ta chambre, et, seule, toute seule, tourne le feuillet. »

Suzanne avait essayé d’éviter à sa jeune sœur une secousse trop douloureuse. Aline lut les pages suivantes, couvertes d’une écriture fine, tracée à la hâte par une main nerveuse :

« Chère amie, je l’ai dit mon désespoir ; mais tu es trop jeune, et tu as trop peu vécu, pour le bien comprendre. Tu attends encore la vie ; moi je l’ai connue et je la rejette avec horreur. Ne me con-