C’est une bien charmante femme, et je
dois avouer qu’elle m’a gagné le cœur
tout entier par un mot qu’elle m’a dit
sur toi : « Que vous êtes heureuse, madame,
d’avoir un tel fils ! Avec une
haute intelligence, il est profondément
bon ; on voit cela tout de suite. »
Je l’aurais presque embrassée ; car elle
est si peu entichée de son rang qu’on
ne voit en elle qu’une bonne personne.
Tu sais que je n’aime point à me déranger
et que je m’excuse vis-à-vis
de tout le monde sur mes occupations. Et
bien ! cependant, j’ai promis de l’aller
voir, et je remplirai cette promesse de
bien bon cœur.
Si prudent que soit un homme, que peut-il contre la fatalité s’imposant à lui sous forme de convenances sociales, d’intérêt public, de devoir, de sympathie, d’influence maternelle, quand elle ne lui laisse le choix qu’entre passer pour grossier, ou devenir ridicule ? Le baron de Beaudroit avait quitté Émile en lui faisant promettre de venir, dès le lendemain, à la Ravine, achever l’élaboration de leurs plans. Émile avait promis. De bonne foi, pouvait-il dire : « Veuillez m’excuser monsieur ; je crains d’aimer votre fille. » Aussi ne le dit-il point.
D’ailleurs, il faut avouer qu’il n’en