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Feuilleton de la République française
du 25 janvier 1872

(26)

LES FILLES PAUVRES

L’INSTITUTRICE[1]



Le lendemain, une demi-heure avant la récréation, ouvrant la Morale en action, elle lut aux enfants ce trait du duc de Bourbon, qui, de retour dans ses domaines, après avoir été retenu prisonnier en Angleterre, sollicité de tirer vengeance des torts que lui avaient faits ses vassaux, demanda : « Avez-vous aussi tenu registre des services qu’ils m’ont rendus ? » Et sur la réponse négative de son procureur : « Je ne puis donc juger… » Sidonie lut encore le trait du premier président Molé et quelques autres. Puis elle demanda aux enfants si elles trouvaient cela bien. Elles répondirent toutes ensemble que c’était beau, et leur physionomie attentive, éclairée de ce beau rayon que met l’enthousiasme sur le front humain, le disait de même.

— Et s’ils avaient fait le contraire ? demanda Sidonie. S’ils s’étaient vengés, auraient-ils bien fait ?

Il y eut un silence.

  1. Voir la République française depuis le 26 décembre 1871.